Le tiers monde

  • Tiers-monde et non-alignement : Deux termes largement synonymes.
  • Le non-alignement :
    → Produit de la guerre froide et de la décolonisation. Il s’agit de la volonté de plusieurs pays d’échapper à la bipolarisation de la géopolitique internationale.
  • Difficulté :
    → Élaborer une véritable 3e voie entre les USA et l’URSS tout en restant “non-aligné”. L’URSS obligeait quelques fois au pays de rejoindre leur camp.

C’est pas de pays pauvres, même si en majorité ils ne sont pas développés, le terme fait référence au camp non-aligné durant la guerre froide. Ils représentent 3/4 du monde.

La Suisse fait partie d’une quatrième voie, elle reste neutre mais peut pencher du coté des occidentaux.

L’émergence politique du Tiers-monde

Il émane de la contestation de la logique de guerre froide et la dynamique historique de la décolonisation (Inde 1947, Indochine 1954).

L’acte fondateur du non-alignement: la conférence de Bandoeng (avril 1955)

  • 29 pays, 5 puissances invitantes (Inde, Pakistan, Ceylan, Birmanie, Indonésie).
  • Les proclamations de la conférence: neutralisme vis-à-vis des superpuissances et condamnation du colonialisme.
  • Les difficultés à prendre une position neutre: la conférence regroupe des pays pro-occidentaux (Japon, Philippines, Pakistan) et des pays communistes (Chine, Vietnam du Nord).

La suite de Bandoeng: la cristallisation d’un mouvement politique

  • 19 juillet 1956: déclaration de Brioni (Egypte, Inde, Yougoslavie et Indonésie créent le mouvement des non-alignés).
  • La conférence de Belgrade (1961): première conférence officielle du mouvement des non-alignés.
  • Création du groupe des 77 à l’ONU (1962). Beaucoup des pays décolonisés entrent dans l’ONU et font basculer le rapport de forces.

Les ambiguïtés du non-alignement

L’Inde

  • Un pays pionnier du non-alignement. Un nouvelle possible puissance.
  • Mais le soutien des USA au Pakistan et la coopération sino-pakistainaise entraînent son alignement sur l’URSS.
L’établissement d’une relation étroite avec l’URSS
  • 1962: programme de coopération militaire et technique. L’URSS devient le principal fournisseur d’armes de l’Inde jusqu’aux années 2000.
  • Aide à la restructuration de l’armée indienne composée par beaucoup de commandants britanniques.
  • 1971: traité de paix et de coopération.
  • Prêts soviétiques à l’Inde et envoi de conseillers économiques. Constructions d’usines (complexe sidérurgique de Bhilai, 1955).
  • La dégradation de la relation entre l’URSS et la Chine renforce ce partenariat.
  • Les bonnes relations avec l’Inde sont pour l’URSS un moyen de se concilier les pays non alignés.

La Ghana (ex-Gold Coast)

  • Indépendance de la GB en 1957, nouvelle constitution en 1960.
  • Le rôle de Kwame Nkrumah (président du Ghana, 1960-1966): marxiste et panafricaniste.
  • Un des fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, 1963).
  • Les liens avec l’URSS.

La Guinée

  • Sékou Touré et le rejet de la Communauté Française (1958).
  • Le soutien financier de la Chine, Yougoslavie, URSS, Ghana.

L’Egypte

  • L’opposition des pays arabes à la création d’Israël vue comme une décision unilatérale des pays occidentaux.
  • L’arrivée au pouvoir de Nasser en 1952.
  • Le refus de l’Egypte d’adhérer au pacte de Bagdad (1955).
  • La participation à Bandoeng.
  • La nationalisation du canal de Suez le 26 juillet de 1956: un des premiers actes politiques du non-alignement. Assurer le développement économique en ne dépendant ni des USA ni de l’URSS.
  • Dans les faits: soutien financier et logistique russe et tchécoslovaque à la construction du barrage d’Assouan (1960-1971).
    • Contrôle du flux du Nile, clé pour le développement économique de l’Egypte.

La Chine

  • Une des principales participantes de la conférence de Bandoeng.
  • La Chine veut poursuivre ses projets au marge de l’URSS.
  • La tournée de Zhou Enlai en Afrique en 1963-1964: aide militaire à l’Angola et au Mozambique, aide économique à la Tanzanie.
  • Le soutien de l’Afrique à la Chine lors de l’obtention du siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU (1971): Algérie, Egypte, Soudan, Mauritanie, Nigeria, Ethiopie.
  • La reconstitution de la puissance chinoise: reconquête du Tibet (1950), restitution par l’URSS de Port Arthur/Lüshunkou (1955), victoire contre l’Inde (1962), mise au point de l’arme nucléaire (1964), incidents frontaliers sur l’Oussouri avec l’URSS (1969).

L’Indonésie

  • L’organisation de la conférence de Bandoeng par Soekarno/Sukarno: l’entrée de l’Indonésie sur la scéne géopolitique mondiale.
  • Le rapprochement de Soekarno avec l’URSS (achat d’armes, aide au développement économique).
  • Les USA contraignent les Pays-Bas à céder la Nouvelle-Guinée occidentale à l’Indonésie en 1962 pour éviter qu’elle ne se rapproche pas trop de l’URSS.
  • Le coup d’état de Suharto (1965) et la répression anticommuniste: entre 500 000 et 1 million de morts. L’établissement d’une dictature soutenue par les USA.
  • Exploitation de la mine de Grasberg (or et cuivre) par la compagnie US freeport McMoran (ouverte en 1973). La plus importante mine d’or au monde.

La Yougoslavie

  • La volonté de Tito de renfoncer les liens régionaux avec la Bulgarie et l’Albanie. La rupture avec Staline et l’exclusion de la Yougoslavie du Kominform en 1948.
  • Les conséquences de la rupture avec l’URSS: le développement de l’aide financière des USA.
  • La Yougoslavie devient une des animatrices du mouvement des non-alignés (n’avait pas des frontières avec l’URSS et était plutôt communiste mais indépendante des soviétiques): ni membre de l’OTAN ni du Pacte de Varsovie. Établit des contacts avec l’Inde; participe à la conférence de Bandoeng et à la déclaration de Brioni.
  • Le soutien aux pays en voie de décolonisation: Algérie dès 1955, Guinée, Namibie.
  • La réconciliation avec l’URSS après la mort de Staline.

Cuba

  • Après la révolution de 1959, Fidel Castro envoie Che Guevara en tournée internationale pour promouvoir la voie socialiste cubaine: Yougoslavie, Egypte, Marco, Inde, Indonésie, Japon. 1960: Visite de Soekarno à Cuba.
  • L’établissement de liens forts avec l’URSS (aide économique) mais pas d’adhésion au Pacte de Varsovie.
  • 1961: Cuba est le seul pays d’Amérique latine invité à la conférence des non-alignés à Belgrade.
  • Ils étaient définitivement dans le bloc communiste mais ne suivaient pas l’URSS complètement. Non-alignés mais pro-URSS.

L’échec relatif du non-alignement

  • Le sommet du Caire (1964): 47 participants et 10 états observateurs. Une visibilité internationale mais un échec à promouvoir une véritable troisième voie entre USA et URSS.
  • La création de la Conférence des Nations Unies pour le développement (CNUCED, 1964) par l’ONU et la promotion du Nouvel ordre économique international (NOEI, 1973 rééquilibrer le commerce qui était en profit des occidentaux mais n’a pas remis en cause l’ordre de Bretton Woods): des succès relatifs du non-alignement.
  • L’échec politique d’une partie des régimes non-alignés:
    • La dérive autoritaire au Ghana, en Guinée, en Egypte, à Cuba, en Indonésie.
    • L’échec du panafricanisme face aux nationalismes: le refus des états africains de créer les États-Unis d’Afrique. Les idées de Nkrumah en minorité à l’Organisation de l’Unité Africaine.
      • Ceci aurait aidé les africains à faire face à l’URSS et aux EU.
  • L’éloignement de la Chine: du non-alignement (apparemment juste pour son bénéfice) à l’ambition de superpuissance.
  • Les divisions entre les pays non-alignés:
    • Conflits entre Inde et Pakistan.
    • Conflits entre Inde et Chine.

Le non-alignement aujourd’hui

120 pays qui représentent 55% de la population mondiale. C’est une influence en diminution depuis la fin de la guerre froide. Cependant la concurrence d’autres groupements (G20) est apparue. En plus, la raison d’être de ce mouvement est disparue.

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