Nationalismes

Notions-clés

Une nation est un groupe humain se reconnaissant un principe unificateur commun et pensant avoir un destin commun= un passé commun (des fois romantique en tant que l’histoire d’une nation est quelques fois un peu fictice), un présent commun et un futur (= un project) commun. Notion de communauté politique imaginée selon Benedict Anderson. Une notion très problématique.

  • C’est quoi ce principe unificateur? Les réponses ont varié au cours de l’histoire: la langue, la religion, l’ethnie ou la race. Le problème reste quelle est la validité scientifique de ces deux notions (race et ethnie). En plus, il y a le territoire et des idées communes (principes comme la démocratie, les droits humains, etc.). Certains principes sont problématiques comme celle des langues, ou on peut trouver des dialectes qui peuvent être rattachés à elle et qui donc devraient s’unifier avec la nation. C’est ainsi que par exemple justifiait l’Allemagne Nazi ses conquêtes.
  • C’est quoi ce destin commun? C’est le fait de créer un régime politique dont les lois seront élaborées d’un commun accord par la population ce qui est la conception politique de la souveraineté. C’est aussi conquérir un territoire aux frontières identifiables ce qui revient à la conception territoriale de la souveraineté ou créer un groupe parfaitement homogène sur le plan ethnique, racial ou linguistique.

Le nationalisme c’est l’idée selon laquelle une nation ne peut se construire que par l’opposition à ses voisines, considérées comme des adversaires ou des ennemis. Ce phénomène est mondial et pas seulement européen.

WW1 et les nationalismes

États-nations en Europe dans le début du XXème

Anciens

Frontières fixées pour l’essentiel depuis l’époque moderne: GB et FR.

Nouveaux

L’Allemagne avec son unification réalisée le 18 janvier 1871, et l’Italie laquelle a réalisé son unification le 30 juin 1871 quand Rome devient capitale de l’Italie.

États-empires en Europe dans le début du XXème

Des territoires multinationaux (majorité de l’Europe):

Autriche-Hongrie

Fragilisée par les nationalismes (compromis austro-hongrois de 1867). Le Compromis austro-hongrois de 1867 a créé la Double Monarchie d’Autriche-Hongrie, unissant les deux pays sous un seul monarque avec des gouvernements distincts.

  • Aspiration à l’indépendance des peuples de Balkans (Bosniaques, Croates, Slovènes…) Ceci rend fragile le régime.

Russie

Même problème que l’AH. C’est un pays immense (21,8 millions de km carrés) composé d’une multitude de populations pas russes qui on été conquises petit à petit quand leur petites nations ont entré dans l’empire terrestre russe.

Empire ottoman

Un démembrement progressif au XIXème:

  • Administration de la Bosnie-Herzégovine donnée à l’empire austro-hongrois (1871).
  • Indépendance de la Serbie
  • Perte de l’Egypte (1882) et la Lybie (1912). Menacé par les nationalismes intérieurs et le colonialisme Européen.

Les nationalismes et la WW1

Un facteur majeur d’éclatement de la WW1. L’Europe en 1914 était un ensemble d’états-nations et d’états-empires en rivalité les uns avec les autres. La guerre est un choc des nationalismes.

Phénomènes majeurs

Ambitions impériales des états-nations
  • Crise marocaine entre la France et l’Allemagne (1905).
  • Invasion de la Lybie par l’Italie au détriment de l’empire ottoman en 1911 et annexion entérinée au traité d’Ouchy en 1912.
    • En 1911, l’Italie a envahi la Libye, alors province de l’Empire ottoman, déclenchant la guerre italo-turque. Après une série de combats, l’Italie a pris le contrôle des principales villes côtières. Le conflit s’est conclu par le traité d’Ouchy (également connu sous le nom de premier traité de Lausanne) en 1912, par lequel l’Empire ottoman a cédé la souveraineté de la Libye à l’Italie, officialisant ainsi l’annexion du territoire.
La montée des nationalismes dans les états-empires et à leurs frontières
  • La volonté des peuples des Balkans d’achever de s’affranchir dans tutelles ottomanes comme l’Albanie et la Macédoine et austro-hongroises comme les croates et slovènes.
  • La volonté des pays déjà indépendants d’agrandir leurs frontières (Serbie, Bulgarie.)

La guerre et le raidissement du nationalisme

Exemple: Le génocide arménien.

La dérive nationaliste du pouvoir ottoman, provoquée par le déclin de l’Empire et accélérée par la guerre, débouche dans une évolution des idées politiques du pouvoir ottoman et un passage d’une conception pluriethnique de l’empire à une conception exclusive de la nation.

Cette conception est fondée sur la race et la religion. L’appartenance à la nation est réservée au Turcs et aux musulmans. Les Arméniens avaient déjà fait des revendications anciennes d’autonomie.

On développe donc un discours présentant les Arméniens comme des traîtres et associés aux Anglais et Français. Le genocide 1915-16 avec des massacres et de camps, famines… 660 000 - 1.2 millions de victimes.

L’entre-deux-guerres et le nationalisme

Remaniement de la carte politique d’Europe

Nouveaux états:

  • 22 états en 1914 et 29 en 1921.
  • La Pologne revient, disparue depuis le XVIIIème.
  • La création de la Tchécoslovaquie.
  • L’AH (maintenant A et H) réduite à des petits états.
  • La créations de la Yougoslavie.
  • La Bulgarie réduit (Alliée de la Triple Alliance).
  • La Roumanie agrandie (alliée de la Triple Entente).

Tensions nationalistes dans l’entre-deux-guerres

Du traité de Sèvres de 1920 au traité de Lausanne de 1923:

  • Le traité de Sèvres prévoir le démantèlement de l’empire ottoman, la création d’une Arménie et d’un Kurdistan indépendants, la cession de territoires à la Grèce (Asie mineure) la GB (Chypre) l’Italie (Rhodes+dodécanèse), mandats de la SDN à la France et à la Grand Bretagne (Syrie, Irak et Palestine).
  • La réaction nationaliste turque: prise de pouvoir par Mustapha Kemal, le refus de traité de Sèvres, la reprise des opérations militaires.
  • Le traité de Sèvres est remplacé par le traité de Lausanne le 24 juillet 1923. L’Arménie disparaît et aussi le Kurdistan. Le nationalisme turc l’emporte sur les nationalismes arménien et kurde.
  • Échanges de populations entre la Grèce de la Turquie, évacuation des régions occupées par les Grecs. L’origine des tensions gréco-turques actuelles.
    • Après la guerre gréco-turque (1919-1922), le Traité de Lausanne de 1923 a imposé un échange obligatoire de populations entre la Grèce et la Turquie, déplaçant environ 1,5 million de Grecs et 500 000 musulmans. Ces déplacements forcés ont créé des tensions qui contribuent aux différends gréco-turcs actuels.

L’Europe de l’Est

  • La reconstitution de la Pologne en 1918 et son extension ver l’Est au détriment de l’Allemagne de l’Autriche et la Russie. La guerre avec la Russie 1919-1921 avant que les frontières polonaises soient reconnues à la paix de Riga (1921).
  • La question de Danzig: une ville peuplée d’Allemands mais donnée à la Pologne (puis une ville libre administrée par la SDN). La création du corridor de Dantzig (partiellement peuplé d’Allemands) pour donner à la Pologne un accès à la mer.
  • La création de la Tchécoslovaquie en 1918: la région des Sudètes peuplée d’Allemands.

Le monde et les nationalismes

Le nationalisme n’est pas un phénomène uniquement européen.

USA

  • La création d’une nation et la conquête d’un territoire: Deux phénomènes concomitants.
  • Une nation-monde: un nationalisme aux dimensions de la planète. L’universalisme américain.

Japon

  • Se moderniser pour éviter la colonisation: nationalisme et modernisation vont de pair. Désir d’être une puissance impériale comme les occidentaux.
  • Un nationalisme expansionniste: le projet de création d’une sphère de coprospérité (Asie-Pacifique) remonte à la fin de XIXème siècle.

Il y a aussi le nationalisme en Afrique et en Asie, traité dans la prochaine séance.

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