Le CICR et la 2GM
Introduction
Problématique internationalisme/nationalisme à partir de l’essor des systèmes autoritaires et totalitaires
- Internationalisme avant 1914 : basé sur des valeurs européennes communes, renforcé par les révolutions dans le secteur de communication et la démocratisation progressive des sociétés européennes, mais affaibli par le nationalisme et l’impérialisme des grandes puissances.
- Internationalisme à partir des années vingt et trente : confronté avec l’essor des dictatures totalitaires en l’Union soviétique et en Allemagne nazie et des systèmes autoritaires au Japon, en Italie, Espagne, Pologne et Hongrie.
Qu’est-ce que le totalitarisme?
- Système politique qui détruit l’ordre démocratique et constitutionnel au profit d’une dictature.
- Centralise totalement le pouvoir.
- Destruction de l’état de droit.
- Octroi d’une seule idéologie politique qui vise à pénétrer la société.
- Réprime toute opposition ainsi que des ennemis internes, police politique.
- Violation systématique des droits civils et politiques, persécutions, épurations, production des réfugiés.
En URSS (1918ss.) : totalitarisme politique, économique et culturel
- Imposition par la force de l’idéologie communiste, contrôle étatique de la presse.
- Police secrète: NKWD > KGB, système des camps de travail forcé; purges.
- Expropriation des terres, collectivisation et nationalisation, industrialisation forcée.
- Imposition du réalisme socialiste comme style dans les arts, interdiction des livres.
En Allemagne (1933ss) : Nazisme, totalitarisme politique, racial et culturel
- Politique :
- Mise au pas (synchronisation, Gleichschaltung) des institutions exécutives, judiciaires, législatives, fédérales, associations écon. et privées (par ex. CR allemande).
- Police politique (GESTAPO); camps de concentration à partir de février 1933, travail forcé.
- Suspension des droits civils et politiques (mars 1933) > système de non-droit.
- Suppression des partis politiques (1933), purges (SA 1934).
- Nationalisme révisionniste, incitation à la haine, expansionnisme idéologie raciste (surtout sous forme d’antisémitisme) :
- Lois antisémites et raciales 1933, service public purgé, lois raciales de 1935, pogrom du 9 nov. 1938, guerre économique et culturelle contre la population juive, expropriations forcées, appauvrissement et déshumanisation délibérés.
- 1940 établissement d’un système des ghettos, depuis 1941/42 d’un système des camps d’extermination sous le contrôle de la SS (Holocaust), à la fin de la guerre environ 1000 camps de concentration en Europe occupée, dont 8 camps d’extermination.
- Culturel :
- Tentative d’imposition d’un art germanique, diffamation de styles expérimentales qui ne correspondent pas au goût de Hitler, prohibition de livres, autodafés, censure.
CICR face aux dictatures avant 1939
Réorganisation de la Croix Rouge et nouvel cadre juridique des actions humanitaires avant 1939
- Ligue de la CR + CICR + associations nationales = CRI (communauté légale).
- Rappel : Convention pour l’interdiction du gaz asphyxiant (1925), Code pour la protection des prisonniers de guerre (1929)
- Projet de convention de Tokyo pour la protection des civiles (1934)
- But : accorder aux internés ennemis civiles les mêmes droits qu’aux pdg
- Propose d’interdire la déportation des civils ennemis hors d’une zone d’occupation.
- Projet n’est pas ratifié dû à l’opposition de plusieurs États. ➤ Internés civils et victimes d’une guerre civile restent exclus des conventions de Genève.
Problème des prisonniers politiques et des persécutions dans l’entre-deux guerres
- 1921 : CRI adopte résolution exigeant protection des prisonniers politiques (contexte : URSS)
- 1935 : CICR décide d’intervenir discrètement en faveur des détenus politiques en Allemagne.
- Demande de la CR allemande de veiller aux conditions de détention
- CICR visite de camps de concentration (Burckhardt 1935, d’autres délégués en 1938), pas au bénéfice des détenus, mais du gouvernement nazi qui en tire profit.
Problème de la « mise au pas » de la CR allemande par le régime nazi
- CICR n’ose pas dénoncer ni la prise de distance par la CR allemande des valeurs du mouvement ni la politique nazie de persécution des juifs, des homosexuels et des opposants ;
- CICR ne s’oppose pas à l’exclusion des juifs de la CR allemande – en contradiction avec l’universalité du mouvement de la CR.
Marcel Junod, délégué du CICR et docteur de médecine Marcel Juno
- Junod participe en tant que humanitaire lors de la Guerre civile espagnol et la Guerre d’Éthiopie.
- Acteur humanitaire pendant la DGM en Allemagne, Hiroshima, Guerre israélo-arabe (1948), Guerres de décolonisation.
- Lors de la Guerre d’Éthiopie, CICR aide l’Éthiopie à bâtir une CR nationale.
- Mais ne condamne pas l’utilisation du gaz asphyxiant par l’Italie,
- n’en témoigne pas, pour maintenir sa neutralité.
Problématique : Est-ce le CICR défend l’universalité et l’humanisme comme valeurs du mouvement, ou plutôt sa neutralité et celle de la Suisse ?
Le CICR face à la Deuxième Guerre Mondiale
Droit humanitaire de la guerre en 1939
- Droit humanitaire de la guerre s’inscrit encore dans une tradition quasiment chevaleresque du 19e siècle où les Etats partagent théoriquement un standard de civilisation. Ce droit est prévu pour des conflits entre Etats qui s’accordent aux standards ; et dans de telles circonstances le CICR tire son efficacité (Favez) de son autorité morale, de sa neutralité, et du respect pour les Etats.
- Ce droit n’est qu’un instrument faible face à la terreur exercée par des Etats totalitaires contre une partie de leurs propres populations et, en guerre, contre une partie de la population dans les territoires occupés.
Déroulement de la DGM met le CICR dans une position imprévue
- Victoire provisoire de l’Axe en Europe en 1940 : action du CICR surtout en faveur des Alliés occidentaux, car il n’y a pas beaucoup de pdg allemands en Angleterre ; jusqu’aux invasions en Afrique du Nord en 1943 et en Normandie en juin 1944 l’action du CICR se base sur la bonne volonté de l’Axe (et pas sur la réciprocité).
- Prise d’otages massive des civils ennemis et début de déportations par le Reich allonge liste des victimes non-militaires pas protégés par conventions de Genève.
- Extension du théâtre de la guerre à l’Est à partir de l’invasion allemande en Russie et du bombardement de Pearl Harbour par les Japonais mettent CICR devant un problème logistique > CICR craint que la guerre dépasse ses capacités et que mouvement du CR sera rongé par les régimes totalitaires.
CICR s’implique dans trois champs d’action humanitaire
- Protection des prisonniers de guerre (pdg) et secours en leur faveur.
- Protection des civils internés dans les zones occupés – Commission mixte (CICR + CR nationales).
- Secours en faveur des détenus dans les camps de concentration – qui ne représentent à aucun moment un groupe particulier pour le CICR, ce n’est qu’à la fin de 1944 que commence, sous la pression des alliés, son action en leur faveur.
Le front occidental
Protection des prisonniers de guerre
- CICR se concentre sur la protection des prisonniers de guerre.
- Jusqu’à 3.700 personnes travaillent à l’Agence centrale des pdg à Genève.
- 40 mio. fichiers établis; courrier = 100 mio. de plis.
- CICR envoie 33 mio. colis (= 400.000 tonnes, leur valeur estimée à 3 mrd CHF) aux pdg (surtout alliés), y compris renvois de colis mis à disposition par familles.
- Aide spirituelle et intellectuelle aux pdg : 1,3 mio. livres, 15.000 partitions de musique, 2 mio. objets divers pour des artisans, artistes.
- Pdg sur le front occidental sont en général protégés, CICR peut agir en leur faveur en Allemagne et dans les pays occidentaux.
Protection des civils
- 1940 : Accord provisoire (gentlemen’s agreement) entre CICR et belligérants concernant l’application des principes du projet de Tokyo en faveur des civils dans des zones occupées.
- Commission mixte de secours créé entre CICR et CR nationales avec siège à Genève pour œuvrer en faveur des civils dans les zones occupées.
- Commission mixte assure distribution des quelques dizaines de milliers de tonnes de produits représentant une valeur de quelques 150 millions Francs suisses (J.-C. Favez), y compris colis qui lui sont mis à disposition par les belligérants et les familles, en faveur des civils en zone d’occupation.
- Le CICR envoie sur ses propres frais des colis pour 33 millions CHF, c’est-à-dire en dépensant l’argent qui lui revient des donateurs, dont viennent 18,5 millions de la Suisse.
- Néanmoins, il n’empêche que le CICR ne dénonce pas la déportation massive des Juifs d’Europe occidentale dans les zones occupées, vers les ghettos, les camps de concentration et les camps de mort.
- Problème que l’Allemagne nazie ne respecte pas le Gentlemen’s Agreement.
Le front oriental
- Problèmes : URSS n’adhère pas à la convention de Genève de 1929, et ne permet aucune protection des prisonniers de guerre allemands ; gouvernement allemand demande réciprocité.
- CICR intervient diplomatiquement en faveur d’un modus vivendi, mais son action est bloquée par le manque de volonté soviétique et allemand.
- Le front oriental devient le théâtre principal des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité :
- Les Allemands ont tué 3 millions de pdg soviétiques (parmi 5 millions pdg) lors de leurs avancées entre 1941 et 1943 + beaucoup de civils lors de leur retrait.
- Les Allemands ont tué des dizaines de milliers de Polonais, y compris officiers, prêtres, intellectuels, ont violés des femmes, et tués jusqu’à 3 millions Juifs polonais – lors de l‘occupation de la Pologne.
- l’URSS a fait travailler les pdg allemands à mort dans les camps de travail forcé de Sibérie, beaucoup ont été assassinés et maltraités. Parmi trois millions au total plus que 1,1 million ont perdu la vie, et 1,3 million Allemands sont disparus, c’est-à-dire que leur sort n’a jamais été clarifié, > 2.4 mio. morts?
- L’URSS est responsable pour des massacres en Pologne (Katyn et d’autres).
Le front asiatique
- Après son assaut sur Nankin (1937), l’Armée impériale japonaise assassine des centaines de milliers de civils et de soldats chinois. Entre 20’000 et 80’000 femmes et enfants sont violés, des dizaines de milliers d’enfants sont mutilés.
- Le CICR ne dénonce pas les crimes de guerre et contre l’humanité commis par les Japonais.
- CICR envoie des délégations en Chine occupée (Shanghai, Hong Kong) et au Japon (Tokyo) en faveur des prisonniers de guerre, mais le Japon n’a pas adhéré au Code pour les prisonniers. Elle accepte les délégations, mais émet des réserves quant à l’application du Code. Toute action en faveur des pdg est donc basée sur la bonne volonté du Japon.
- Le Japon occupe l’Indochine, l’Indonésie, Philippines, où le CICR envoie également des délégations mais qui ne sont pas officiellement accréditées par le Japon.
- Hiroshima et Nagasaki : Dr. Marcel Junod, un des principaux délégués du CICR, est le premier Occidental à Hiroshima après la bombe, et appelle les Américains à aider les victimes.
Le CICR face à la Shoah
Le régime nazi a persécuté les Juifs en Allemagne, Pologne, puis partout en Europe occupée. Au total 6 millions Juifs européens ont perdu la vie. Danemark occupé a sauvé ses Juifs en les aidant à gagner la Suède.
Les déportations
- À partir de l’occupation des territoires par l’Allemagne nazie les forces occupantes (par ex. Gouvernement-général (allemand) de Pologne à l’aide surtout de la SS) commencent rafles et déportation des Juifs, parfois organisées en collaboration avec administration nationale.
- Déportés transportés aux ghettos, aux camps de concentration (travail forcé), puis aux camps de mort.
Camp de concentration nazi
- Automne 41-printemps 1942 Shoah (litt. catastrophe; Holocaust, litt. sacrifice par le feu d’un animal).
- CICR réclame pendant et surtout après la guerre que les Juifs n’étaient pas protégés par aucune convention.
- Cependant la Convention IV de La Haye de 1907 sur les droits et coutumes de la guerre accorde un minimum de protection aux civils dans de territoires occupés, voir prochain slide.
- Les Juifs auraient donc dû pouvoir bénéficier de ladite Convention, comme aussi de l’accord provisoire en faveur des principes de Tokyo (de 1934) conclu avec le gouvernement nazi.
- Favez critique que déportés n’aient jamais constitué un groupe à part pour le CICR, jusqu’à la fin de 1944.
- On peut constater que le CICR a opté d’accorder sa priorité à la protection des prisonniers de guerre sur le front ouest, dont ont bénéficié surtout les Alliés prisonniers jusqu’à 1944 (invasion en Normandie), puis les Allemands pris prisonniers par les Alliés occidentaux en ont également bénéficié.
Que savait le CICR de la Shoah?
- Extermination affaire secrète de la SS.
- Lorsque la guerre avançait, de plus en plus d’information circulait.
- Fin 1941 CICR apprend de la part de délégués des nouvelles de massacres sans en conclure qu’il s’agit d’une politique délibérée, systématique.
- En 1942 délégués s’inquiètent de plus en plus aux nouvelles des massacres mais sans en imaginer l’échelle.
- Des rescapés de la persécution cherchaient souvent refuge en Suisse, par conséquent beaucoup d’informations circulaient.
- Représentant du Congrès juif mondial Paul Ruegger se trouvait à Genève et entretenait des liens avec CICR.
Que faisait le CICR? Le poids de la doctrine
CICR définit sa politique par référence à sa doctrine et ses traditions
- Concept de la neutralité empêche le CICR et notamment ses leaders Max Huber et Carl-Jacob Burckhardt de prendre une position publique contre persécution des Juifs.
- Rôle de Max Huber : conservateur, prudent, homme d’Etat, mais malade lors de la – guerre.
- CICR argumente après la guerre qu’il était obligé de maintenir la neutralité s’il – voulait continuer à protéger les prisonniers de guerre (et certains internés civils), il fait prévaloir que cela était la vraie mission du CICR selon le droit humanitaire et sa tradition.
- CICR rend service aux victimes de la guerre là où les gouvernements le permettent, CICR se sent obligé de maintenir leur bonne volonté pour accomplir ses missions.
- CICR n’utilise cependant pas le droit d’initiative humanitaire qu’il s’est arrogé traditionnellement pour étendre la portée de la protection des victimes de la guerre (ex: standard de traitement des prisonniers de guerre, gaz asphyxiants / PGM).
- CICR prétend qu’il doit maintenir l’unité du mouvement de la Croix Rouge alors que l’unité est en réalité déjà compromise depuis 1933 par la synchronisation de la Croix-Rouge allemande qui fut impliquée dans les camps de concentration, dans le programme d’euthanasie + les essais médicaux avec internés handicapés et juifs.
- On voit que l’unicité purement imaginée du mouvement, y compris des associations nazies de la CR, était un prétexte parmi d’autres pour protéger la neutralité de la Suisse.
Question de la réaction du CICR au génocide
Raison d’État suisse l’emporte sur les obligations morales et humanitaires du CICR
- Entourée par des régimes et alliés de l’Axe, la Suisse, représenté au CICR par le président du conseil fédéral (donc de la Confédération) Philipp Etter, et Edouard de Haller, délégué du Conseil fédéral aux œuvres d’entraide internationale, empêchent le CICR en sept. 1942 de lancer un appel public dénonçant les pratiques nazies.
- CICR préfère diplomatie humanitaire confidentielle, mais n’adresse ses demandes qu’à l’Auswärtiges Amt allemand, qui n’est pas en charge de gérer le système concentrationnaire.
- Dans une note adressée aux belligérants le 24 Septembre 1942 le CICR revient au projet de Tokyo pour protéger les civils, les puissances de l’Axe refusent d’entrer en matière. CICR manque le courage de s’adresser directement aux responsables du génocide et des camps de concentration, Himmler, la SS, Hitler.
Opportunisme politique de la Suisse à partir de 1944
- A la fin de 1944 seulement et sur la pression des Alliés occidentaux après la réussite de leur invasion en Normandie et leurs avancées en Italie (depuis 1943), le gouvernement helvétique pousse le CICR à faire davantage pour les Juifs qui vivaient encore, pour démontrer l’utilité de la neutralité suisse pendant la guerre.
- Entre novembre 1943 et mai 1945 le CICR adresse 750.000 colis aux détenus dans les camps de concentration, mais son action dépend de la transmission des noms des déportés par des individus, car l’Allemagne nazie n’accepte que des colis individuels et n’envoie pas des listes des détenus à Genève.
- Rencontre Burckhardt-Kaltenbrunner (de la SS) le 12 mars 1945 aboutit à un accord qui permet à quelques délégués du CICR d’entrer dans certains camps jusqu’à la fin de la guerre pour empêcher des crimes.
- A la fin des hostilités, à la pression des gouvernements français et belges, le CICR s’empresse de faire des efforts particuliers en faveurs des détenus dans les camps de concentration.
À distinguer dans le débat historique sur la Shoah
- 1 Victimes / 2 responsables criminels et collaborateurs / 3 Bystanders, c’est-à- dire les acteurs indifférents / 4 résistants.
À distinguer dans le temps
- Le degré de connaissances sur la Shoah.
Attitude des autorités morales
- Pape Pie XI avait exprimé son opposition au fascisme dans une encyclique en 1931, puis à l’idéologie nazie dans l’Encyclique Mit brennender Sorge (litt. Avec une brûlante inquiétude) publiée exceptionnellement en Allemand, diffusée secrètement dans toutes les paroisses allemandes le 10 mars 1937 et lue publiquement dans les églises le Dimanche, 21 mars 1937, après sa mort. Le pape y critique la violation du concordat de 1933 par les Nazis, la persécution des catholiques, l’idéologie nazie, notamment le racisme, le culte de personnalité et son opposition au christianisme. En 1937, plus que mille membres de l’église sont mis en prison, en 1938, 308 prêtres catholiques sont déportés à Dachau.
- Pie XII, qui en tant que cardinal a corédigé l’encyclique, reste plutôt silencieux pendant la guerre; condamne cependant les massacres au Noël 1942.
- CICR: bystander / acteur indifférent pour la plupart du temps de la DGM.
La marge de manoeuvre des acteurs face aux crimes contre l’humanité
Attitude des démocraties anglo-saxonnes
- La presse occidentale est informée des massacres à partir de 1942, mais ignore encore la taille et l’étendu de la politique génocidaire des Nazis.
- Les gouvernements américains et britanniques se concentrent sur la guerre, ne font pas de la libération des Juifs une priorité.
Les autorités courageuses
- Suède et gouvernement danois ont sauvé, par une action rigoureuse et clandestine, tous les Juifs danois du Danemark occupé, et la Suède une partie considérable des Juifs de Hongrie (Ambassadeur Raoul Wallenstein avec l’aide du Vatican).
- Le 2 août 1941 Clemens August Comte de Galen, évêque de Münster (Allemagne), attaque dans un sermon public la pratique de l‘euthanasie - à savoir l‘homicide des handicapés et aliénés (personnes mentalement malade ou de faible esprit) par le régime nazi comme meurtre incompatible avec le christianisme. Le régime nazi a au moins provisoirement arrêté les meurtres, puis réduit la taille du programme qu’il a continué clandestinement.
- La Bulgarie, allié à Hitler, a refusé d’envoyer les Juifs bulgares aux chambres de gaz, et a au contraire accueilli des réfugiés juifs pendant la DGM. Après la guerre il y avait plus de Juifs en Bulgarie qu’auparavant.
CICR a-t-il réussi sa mission à rendre la guerre plus humaine?
- DGM a causé ca. 50 mio. de morts, multiplication des victimes civils, par ex. à cause des bombardements aériens : Varsovie, Rotterdam, Coventry, Dresde, Hambourg, Cologne, Hiroshima, Nagasaki.
- Le CICR a adressé un appel aux belligérants le 12 mars 1940, leur rappelant que le bombardement des civils et des zones d’habitation est une violation de la Convention IV de La Haye.
- Front oriental : mauvaise volonté de l’URSS et de l’Allemagne nazie empêche l’application du code des prisonniers de guerre.
- Shoah.
Rôle et marge de manœuvre du CICR:
- Pendant DGM, CICR reste dans un esprit doctrinaire traditionnel face à une guerre barbare accompagnée des pires crimes contre l’humanité.
- Son action s’étend à l’intérieur et en dehors d’Europe et englobe.
- Actions en faveur des prisonniers de guerre en Europe, Afrique, Asie, aux USA.
- Actions en faveur des internés civils.
- Dans la dernière phase de la guerre, en faveur des victimes des déportations.
- Face au rejet partiel des droits humains par les régimes totalitaires, le CICR faille à mobiliser tous ses instruments (appel, dénonciation) et cela pour sauver sa mission neutre traditionnelle (en faveur des prisonniers de guerre). Dépendant de la bonne volonté des belligérants, le CICR suit la raison d’État des autorités suisses.
- CICR reçoit malgré tout le prix Nobel en 1944 (comme en 1917).
Conclusion et perspectives
Conséquences de la DGM
Nouvelle impulsion pour la modernisation et l’expansion du droit humanitaire de la guerre
- 1949 Conventions de Genève (I à IV) englobent protection des civils bien meilleure.
- 1977 protocole additionnel : application des conventions dans des Guerres civiles.
Division du travail
- Federation des Croix-Rouges nationales : actions d’urgence en temps de paix.
- CICR : aide en faveur des victimes de la guerre.
CICR élargit son terrain d’actions
- Acquiert statut d’organisation internationale.
- Droits humains (prisonniers politiques).
- Activités d’après-guerre (post-war peace-building efforts).
- Aide au développement (réforme des systèmes policiers, réformes de prisons et du droit de détention).