ONG et environnement

Introduction

Termes clès

  • Nature = ce qui, «dans l’univers, se produit spontanément, sans l’intervention de l’homme»; ce qui est «inné», «par opposition à ce qui est acquis par la coutume» (l’éducation, la civilisation; voir Larousse).
  • Environnement – plus vaste que la nature, il englobe «l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles» (liées à la société) dans lesquelles vivent l’homme.
  • Biosphère – l’espace vivable de la planète Terre, lithosphère (partie rocheuse), hydrosphère (dans l’eau), atmosphère (dans l’air).
  • Écologie – 1. champs d’étude qui s’intéresse aux milieux des organismes vivants ainsi qu’à leurs interrelations, 2. mouvement qui vise à une meilleure compréhension de l’écologie et d’un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel.

Introduction

ONG environnementalistes (ou écologiquistes) adressent les conséquences problématiques que les révolutions industrielles ont sur l’environnement humain
Révolutions industrielles

  • révolutions agro-industrielles (mécanisation, monocultures, fertilisateurs, pesticides)
  • industrialisation de la production (quatre vagues: charbon, électricité, (pétro-)chimie, informatique)
  • urbanisation/agglomération
  • révolutions des transports/communications (bateau à vapeur, train et tram électrique, voiture, avion, TGV, informatique) Les révolutions industrielles ont eu des effets:
  • sur l’environnement naturel immédiat (pollution, biodiversité)
  • sur la biosphère au sens large (espace vivable sur terre: climat/température, couche d’ozone)
  • sur l’être humain: découverte son attachement à la nature et l’effet négatif de certaines pratiques industrielles

Essor d’une conscience écologique à partir des années 1960:

  • les ressources sont limitées
  • la capacité de la nature «d’absorber» et de nettoyer les déchets est également limitée
  • l’homme doit préserver et protéger la biosphère pour que son espèce peut survivre
  • la biodiversité est une ressource génétique et base de la chaîne d’alimentation et du progrès médical, donc
    l’homme doit aussi protéger les écosystèmes dans lesquels vivent d’autres espèces

Étapes du mouvement écologique

1830 à 1914 environ: Ère romantique ou « préservationniste » Initiatives au niveau national et impérial

  • Sierra Club, 1898: aux États-Unis début du mouvement pour la protection de la nature contre l’ingérence humaine; fondation des parcs nationaux sous Teddy Roosevelt; organisation grandissant tout au long du 20ᵉ siècle: Grand Canyon, Yosemite, Joshua Tree > « courant préservationniste » (ou protectionniste)
  • En Europe: émulation du modèle américain par le Suisse Paul Sarasin, inspirateur du premier parc national en Europe: l’Engadin (1909)
  • Empires britanniques, français, belges: essor de l’idée de protéger la nature contre l’humain lié étroitement aux pratiques coloniales : la chasse au grand bétail (éléphants, bisons), la collection des espèces, la déforestation tropicale massive mènent au développement d’une mauvaise conscience auprès des chasseurs et surtout d’une prise de conscience auprès des biologistes et amateurs de la faune Premières initiatives au niveau international
  • Tentative d’internationalisation: En 1913 Sarasin propose un Conseil mondial pour la protection de la nature, PGM met en échec sa réalisation.
  • En Grande-Bretagne, intérêt pour la nature fait partie des activités (leisure, past-time) des classes aisées, comme la philanthropie, et sert à asseoir la légitimité de l’élite dans la société: Le patronage par la monarchie en témoigne du rôle stabilisateur pour la société, ex. Royal Society for the Protection of Birds
  • Tentative de codification internationale (SdN, années 1920) de l’interdiction de la pollution des eaux côtières dû au nettoyage des bateaux pétroliers : Raison: tue les oiseaux, pollue les côtes touristiques, échec
  • Initiative contre la chasse aux baleines (SdN, années 1930), plutôt échec. Entre-deux-guerres et après-guerre (1920-début années 1960) – ère « conservationniste » : Contexte :
  • « Surofficialisation » des ressources pendant la DGM et dans l’après-guerre
  • Invention de la bombe atomique capable à détruire la vie humaine sur Terre
  • Crainte d’une croissance massive de la population dans le Tiers Monde
  • Consolidation du courant « conservationniste » (= pro utilisation de la nature par l’homme) 1948 Fondation de l’Union internationale pour la protection (1955: conservation) de la nature** à Fontainebleau (F) sur initiative des naturalistes européens (CH, F, B, PB,+) et de l’UNESCO (Julian Huxley), siège: Gland**
  • UICN devient le réseau le plus influent d’experts scientifiques, des ONG et des gouvernements concernés par la destruction de la nature, première organisation à établir une liste des espèces en danger d’extinction, propose de nombreux accords internationaux pour la protection de la nature, contre la traite des espèces rares (CITES), contre la chasse etc. Particularité: organisation et financement hybride, sont membres:
  • Associations nationales et internationales pour la protection de la nature (ONG) et leurs experts
  • UNESCO et d’autres agences intergouvernementales (FAO, WHO)
  • Gouvernements et agences gouvernementales Objectifs: promouvoir les recherches écologiques et biologiques, l’éducation sur la nature, conserver
  • L’UICN se heurte aux priorités des sociétés dans l’après-guerre: développement, construction de barrages, hausser la production agricole par l’engrais chimique, emploi grandissant des pesticides, expansion des flottes de pêche industrielles.
  • Initialement sous-dotée, l’UICN a eu, en 2008, 1000 employé·es dans le monde, et un budget annuel de 133 million CHF.

La révolution écologique ou tournant environnemental depuis les années 1960

Idées de la révolution écologique – depuis les années 1960 a) Le nucléaire peut tuer l’humanité
Mouvement anti-nucléaire:

  • PUGWASH – physiciens pour la paix – organise des conférences internationales des physiciens contre le nucléaire (réunit Bertrand Russell et Albert Einstein);
  • Committee for Nuclear Disarmament (Bertrand Russell); Allemagne: Manifestation de Pâques, opposition extra-parlementaire et non-violent
    • Premiers succès internationaux: PTBT Partial Test-Ban Treaty (1963 essais dans l’atmosphère, dans l’espace et dans l’eau – sauf souterrain); NPT (Non-prolifération, 1968) b) Rachel Carson, Silent Spring (1962): analyse conséquences des pesticides (ex. DDT) sur la chaîne alimentaire c) Croissance démographique (crainte d’une surpopulation de la planète) **d) Problème du système capitaliste: fondé sur la croissance > critique du consumérisme et du gaspillage
  • Club of Rome/Rapport Meadows, Halte à la Croissance! (1972): présente Terre comme = système limité, ressources limitées, capacité de « porter » la vie et de « digérer » des déchets e) Voyages sur la Lune: image de la planète Terre fragile: l’homme met en danger la vie sur Terre, qu’il aide à percevoir comme un écosystème complet et vulnérable

Naufrage du supertanker Torrey Canyon (1967)

Le pétrolier, 297 m long, date de 1959. Il donne lieu à une marée noire géante (ca. 120.000 t) qui souille les côtes britanniques et françaises. Les compagnies pétrolières impliquées refusèrent de prendre leur responsabilités.
Le recours aux détergents rendait encore plus toxique le pétrole.
Bilan: ca. 15.000 oiseaux morts, des phoques, des milliers de poissons.

Renouveau organisationnel du mouvement écologique (années 1960 et 1970)

  • Fondation du World Wildlife Fund, 1961, headquarters : Gland, mais WWF reçoit des fonds importants des Etats-Unis pour des projets de protection de la nature dans le monde.
  • Fondation des Friends of the Earth (1969).
  • Fondation de Greenpeace Canada (1971), puis de Greenpeace International (1977).
  • Depuis les années 1970 plusieurs évènements convergent pour pousser les Etats à réagir aux alarmes des ONG et des scientifiques :
    • L’idée du réchauffement de la Terre, multipliant sécheresses et famines (1975-1985) dans la zone Sahel (par ex. Ethiopie): provoquent actions humanitaires d’envergure.
    • Découverte (1979) et confirmation (1985) d’un «trou» dans la couche d’ozone, sa taille présente choc pour les scientifiques.
      • Convention de Vienne (1986).
      • Protocoles de Montréal (1987) et de Londres (1991) pour la réduction des émissions des gaz portant atteinte à la couche d’ozone (chlorofluorocarbures CFC; méthane).
    • Accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl, à 96 km au nord de Kiev, le 26 avril 1986 (URSS, aujourd’hui Ukraine) provoquée par la fusion non contrôlée d’un réacteur.
      • Premier accident classé au niveau 7 sur l’échelle internationale des évènements nucléaires (INES), le plus grave accident nucléaire répertorié.
      • Conséquences :
        • Relâchement de radioactivité en Europe en fonction du mouvement de la vague nucléaire.
        • Nombreux décès, survenus directement ou du fait de l’exposition aux radiations, entre 4.000 (AIEA) et 200.000 (ONG), selon les estimations.
        • Régime soviétique de plus en plus discrédité à cause de sa gestion catastrophique de l’accident.
        • Énergie nucléaire remise en question, catastrophe dû au communisme ou à l’«humain»? > Fukushima.
    • Sommet de la Terre (Rio de Janeiro, 1992): plus grand rassemblement des gouvernements et ONG, adopte la UNFCCC.

Étude de cas : Greenpeace

Greenpeace 1971 naissance de Greenpeace à Vancouver, CAN, emblème : arc-en-ciel.

  • Représente symbiose du pacifisme et de l’environnementalisme dans une seule organisation.
  • G. contribue à hausser la conscience écologique et à la fondation des partis Verts partout dans le monde.

Etapes d’évolution

  • D’abord lutte contre les essais nucléaires américains souterrains au large d’Alaska.
  • Ensuite manifestations contre les essais nucléaires français dans le Pacifique (atoll Mururoa, en bateau, David McTaggert) > en 1974 France (pas parti du traité «PTB») annonce stop des essais atmosphériques.
  • 1976-79 fondation, puis ralliement de plusieurs groupes européens de Greenpeace, établissement par McTaggert de Greenpeace International à Paris.
  • G. devient célèbre dû à l’affaire «Rainbow Warrior» (1986) à Nouvelle Zélande (bateau de Greenpeace explosé par le Service de renseignement militaire français, Président Mitterrand en prend la responsabilité).
    • Déménagement du quartier-général de G.I. à Amsterdam à cause de l’affaire Rainbow Warrior.
  • G. contribue à mettre sur l’agenda politique des questions de biodiversité (baleines, forêts tropicales).

Modes d’action

  • Collecte d’informations par des scientifiques, campagnes, bulletin, site-web.
  • Actions du type manifestation ou blocage sensationnaliste, souvent en bateau, pour faire la une de la presse.
  • Appel à l’opinion pour mettre sous pression gouvernements, entreprises, d’agir dans un sens écologique.
  • Lutte pour l’adoption des normes (contre essais nucléaires, pour développement durable, ozone, climat).

Ex : Les campagnes de Greenpeace

Forêts tropicales
  • Campagne pour la préservation des forêts tropicales (campagne répétée / permanente).
    • Amazonie – poumon de la planète.
Baleines
  • Campagne pour les baleines (1973-1982).
    • Contre la chasse, bannissement de la pêche commerciale réussie (Convention internationale de 1982).
Déchets nucléaires
  • Campagne contre les déchets radioactives en mer (Radioactive Dumping, depuis 197,8) > London Anti-Dumping.
    • Convention 1993, qui est plus stricte que la convention antérieure de 1972.
Compagne contre Shell - Brent Spar – plateforme pétrolière de Shell (1995).
  • Campagne réclame démantèlement d’une plateforme pétrolière, au lieu de la couler en haute mer; campagne a eu du succès, mais Shell réclame que démantèlement n’était pas plus écologique que de faire couler la plateforme.
Campagne contre la surpêche dans les océanes (années 2000).
  • G. demande la création des réserves maritimes où la pêche industrielle est interdite pour permettre la récréation des espèces (40% de la surface des océans).
  • Pratiques de l’industrie ont été modifiées (ex. thon/dauphins), mais sans stopper la surpêche.
Gaz à effet de serre
  • Campagne pour rendre le public conscient des gaz à effet de serre qui causent le réchauffement climatique de la planète (dioxide de carbone/CO2 et d’autres gaz).
  • Bien qu’on puisse décrier les actions comme sensationnalistes, succès donnent souvent raison à G.
Critiques
  • Bilan non-audité, découverte des caisses noires de Greenpeace (années 1990), l’ONG a été obligée d’adapter son comportement financier pour regagner de la confiance.
  • Fausses informations sur le réchauffement climatique (dramatisation sensationnaliste), Greenpeace obligée de revenir sur ses affirmations et de professionnaliser son service de recherche.

Conclusion

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