Le système international forgé en 1945 n’a pas été profondément bouleversé par la fin de la guerre froide.
Mais il est en train de l’être par des nouveaux enjeux qui s’annoncent cruciaux pour le XXIe siècle et au-delà.
Fin de l’européanisation des RI.
La crise du système onusien
1980-1990
Les années 1980 et 1990: une embellie temporaire après la paralysie de la guerre froide:
La première guerre du Golfe (1991): une large coalition onusienne pour mener l’intervention.
Le succès des opérations de maintien de la paix menées par l’ONU: Nicaragua 1989-90 (surveillance du processus électoral), Namibie 1989-90 (idem), Sierra Leone 1999 (stabilisation du gouvernement après la guerre civile).
Impuissance
L’impuissance de l’ONU devant les conflits depuis les années 1990:
La Yougoslavie (1992-1999).
La Somalie (1993).
Le génocide au Rwanda (1994).
L’unilatéralisme américain et la deuxième guerre du Golfe (2003).
La crise syrienne (depuis 2011) et la paralysie du Conseil de Sécurité.
L’annexion de la Crimée par la Russie (2014) puis l’invasion de l’Ukraine (depuis 2022).
La guerre israélo-palestinienne (octobre 2023).
Marginalisation
La multiplication des clubs depuis les années 1970 et la marginalisation de l’ONU dans les négociations internationales:
Les organes de discussion de problèmes économiques: G7 en 1976 (US, GB, Italie, Japon, France, Allemagne, Canada), G8 en 1998 (+ Russie), G20 en 1999 (All, Afrique du S., Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du S., France, Inde, Indonésie, Japon, Italie, Mexique, Grande Bretagne, Turquie, Russie, UE, US.
24 novembre 2013 et 14 juillet 2015: l’accord sur le nucléaire iranien: 5+1 (US, Russie, France, GB, Chine, Allemagne). L’ONU en dehors du processus.
La crise syrienne et les négociations russo-turquo-iraniennes (été 2017): l’ONU en dehors du processus.
Structures rivales
Les structures rivales de l’ONU:
L’Organisation de coopération de Shanghaï (cf ch 10):
Les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine, 2009) puis BRICS (+ Afrique du Sud, 2011):
42% de la population mondiale.
25% de la richesse mondiale.
La volonté de concurrencer l’ONU et le G7.
La création d’une banque de développement en 2014 (des prêts non soumis à conditions, contrairement au FMI).
Plaident pour une refonte du système international (ONU, institutions de Bretton Woods, remise en cause de la primauté du dollar dans les échanges économiques internationaux).
Plusieurs dizaines de pays candidats ou intéressés.
Le débat sur la réforme
La réforme de l’ONU en question:
La représentation des Etats: L’ordre de 1945 obsolète. Les candidats au Conseil de sécurité: Allemagne, Japon, Brésil, etc. le problème de l’UE.
Des projets de réforme globale de l’organisation: conseil de sécurité agrandi, conseil de sécurités régionaux, parlement mondial. L’absence de consensus.
L’inadaptation de l’organisation à la nouvelle donne internationale du XXIe siècle.
Novembre 2023: Dennis Francis (président de l’Assemblée générale de l’ONU): La violence et la guerre continuent de se propager dans les régions du monde entier, tandis que les Nations Unies semblent paralysées, en grande partie à cause des divisions au sein du Conseil de sécurité. source
Fin du l’européanisation/occidentalisation des RI
Mutipolarisation
La multipolarisation depuis la fin de la guerre froide: un occident concurrencé par l’émergence de nouvelles puissances (cf ch 10). La division Nord-Sud héritée de la guerre froide de moins en moins opératoire.
Contestation
La contestation des positions occidentales dans les grandes crises internationales:
La guerre en Ukraine (depuis 2022):
L’invasion russe condamnée par l’Assemblée générale de l’ONU en mars 2022: résolution votée par 141 pays contre 5 et 35 abstentions (Chine, Inde, Afrique du Sud, Sénégal, etc.).
Avril 2022: 58 pays refusent de participer au vote excluant la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (dont le Brésil).
Février 2023: L’Afrique du Sud organise des manoeuvres militaires conjointes avec la Russie et la Chine.
L’Inde a multiplié ses achats de pétrole russe par 33 en 2022.
La guerre israélo-palestinienne (octobre 2023-): le soutien inconditionnel américain à Israël contesté par les pays du « Sud global ».
Basculement vers l’Asie
Le basculement de la géopolitique mondiale vers l’Asie: la multiplication de nouveaux forums internationaux situés en dehors des pays occidentaux:
Organisation de Coopération de Shanghaï (cf ch 10).
Club de Valdaï (créé par la Russie en 2004).
BRICS.
Sommets bilatéraux Inde-Chine.
Congrès des chefs des religions mondiales et traditionnelles (Astana, Kazakhstan, 2003).
Forum économique d’Astana (Kazakhstan, 2007).
Forum international d’Astana (2023) pour relever les grands défis mondiaux (climat, énergie, alimentation).
Dialogue de Shangri-La sur la défense et la sécurité en Asie (Singapour, 2002, créé par l’International Institute for Strategic Studies).
La persistance des inégalités économiques
L’échec de la CNUCED (créée en 1964) à rééquilibrer les termes des échanges économiques internationaux.
Le « Nouvel ordre économique international » (NOEI) réclamé par les pays du Sud mis en échec par le choc pétrolier de 1973.
Commission Nord-Sud
1976: La « Commission indépendante sur les problèmes de développement international » (dite « Commission Nord-Sud »):
Créée par la Banque mondiale.
Le « Rapport Nord-Sud » rendu en décembre 1979. Préconise un transfert de richesse entre les pays du Nord et du Sud et l’affectation d’une partie des dépenses d’armement à l’éradication de la faim dans le monde. Des mesures jamais mises en œuvre.
Enlisement de l’OMC
L’enlisement de l’OMC (créée en 1994):
L’opposition des pays du Sud au programme de libéralisation de l’OMC. Réclament des tarifs douaniers protecteurs et un meilleur accès aux marchés développés (notamment pour les produits agricoles).
Le cycle de négociations de Doha (dit « Programme de Doha »): Lancé en 2001, suspendu en 2006 en raison de l’opposition Nord-Sud.
Mondialisation
La mondialisation économique consécutive à la fin de la guerre froide et la persistance des inégalités. L’illusion de la convergence entre les économies du monde:
Inégalités de revenu: En 2021, les 10% des pays les plus riches possèdent 52% du revenu mondial, les 50% des pays les plus pauvre en possèdent 8%.
Inégalités de patrimoine: les 10% de personnes les plus riches possèdent 76% du patrimoine mondial, les 50% les plus pauvres en détiennent 2%.
« Les inégalités mondiales semblent aussi forte aujourd’hui qu’au début du XXe siècle, à l’apogée de l’impérialisme occidental » (Rapport sur les inégalités mondiales 2022, World Inequality Lab.
Bilan
Bilan des relations économiques internationales au XXe siècle: ni le communisme ni le capitalisme libéral n’ont tenu leurs promesses de création et surtout de répartition des richesses et d’augmentation du niveau de vie.
Le climat: un enjeu géopolitique
L’anthropocène
Qu’est-ce que l’« anthropocène » (ou « l’âge de l’anthropocène »)?
Une nouvelle époque de l’histoire de la terre se caractérisant par le fait que l’être humain est devenu une force agissant sur les équilibres géologiques.
Une double prise de conscience:
1. Les équilibres naturels ne sont pas si insensibles à l’action de l’homme qu’on le croyait auparavant.
2. L’être humain consomme les ressources plus vite qu’elles ne se renouvellent.
Où placer l’anthropocène dans l’histoire de la terre?
L’histoire de la Terre ramenée à une journée de 24 heures:
0h00: formation de la Terre (il y a 4,5 milliards d’années).
04h10: apparition des premières formes de vie (4 milliards d’années).
17h45: apparition des premiers organismes cellulaires (2 milliards d’années).
23h40: disparition des dinosaures (65 millions d’années).
23h59 et 56 secondes: apparition des premiers hominidés (2 millions d’années).
Capitalocène
Anthropocène= capitalocène? Capitalisme et réchauffement global
Le capitalisme industriel marque le passage à l’ère des énergies fossiles = le principal vecteur de modification des équilibres géologiques terrestres.
La globalisation joue un rôle prépondérant dans le réchauffement global:
Entre 1850-1900 et 2011-2020, la température moyenne du globe a augmenté de 1,09°C.
Les projections d’ici 2300: une augmentation de la température comprise entre 2,3 et 4,6°C.
Les pays occidentaux sont historiquement les principaux émetteurs de gaz à effet de serre…
L’industrialisation est d’abord le fait des pays occidentaux (Europe + Etats-Unis).
En 2008, les pays industrialisés représentent 18,8% de la population mondiale, et 72,7% des émissions de CO2.
Les pays en développement
Mais les pays en développement ont considérablement augmenté leurs émissions depuis les années 1990:
Le charbon: une énergie en déclin dans les pays industrialisés depuis 1945, mais en augmentation dans les pays en développement.
Le charbon représente 30% de l’énergie mondiale et son utilisation devrait augmenter de 50% d’ici 2035.
2021: La chine et l’Inde représentent 65% de la consommation mondiale de charbon.
En 2023, près de 70% de l’approvisionnement en énergie de la Chine et de l’Inde est fourni par le charbon.
2019: La Chine est le premier émetteur de CO2 au monde: 30% des émissions mondiales.
Depuis les années 1990, les pays en développement ont rejoint les pays développés dans la consommation des ressources et l’émission de gaz à effet de serre: en 1971, les pays de l’OCDE émettaient 67% du dioxyde de carbone mondial; en 2009: 42%.
Le dilemme actuel de la modernisation dans les pays en développement: réduire la pauvreté en polluant, ou être sobre et rester pauvre?
Enjeux internationaux
La montée des problématiques environnementales comme enjeu international depuis les années 1970:
Création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 1972).
1988: création du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Sommet de la Terre (Rio de Janeiro, juin 1992), protocole de Kyoto (1997).
Conférences des parties (COP) depuis 1995. COP 28: Dubaï, novembre-décembre 2023.
Accord de Paris sur le climat 2015.
Les blocages multiformes:
Le manque d’engagement des Etats.
La mauvaise volonté des industriels.
Les réticences des populations à changer de mode de vie.
La question climatique va redessiner les relations internationales:
Climat, guerres civiles et migrations climatiques: l’extension du Sahel.
La submersion de régions entières (novembre 2023: l’Australie s’engage à offrir l’asile climatique aux habitants des Tuvalu).
Les nouvelles polarités géopolitiques en lien avec les énergies renouvelables (rôle majeur de la Chine dans le développement des batteries électriques).
L’ouverture des zones polaires au commerce, à l’exploitation des ressources, et à la militarisation.
